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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/389

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d’objets choisis, je partis pour les vallées chaudes. Je savais que chaque année, à l’époque du Carmen, les Peaux-Rouges quittent leurs malocas, emportant avec eux des fruits, des singes, des oiseaux, qu’ils troquent volontiers contre les haches et les couteaux des missionnaires ; j’avais un troc de ce genre à leur proposer. Le hasard me servit à point. À l’embranchement du Rio de Santa-Ana et du Yanatili, je donnai dans un parti de ces vauriens, à qui j’achetai d’un seul coup les perroquets que vous voyez ici. Alors je me mis en quête d’un domicile ; revenir à Cuzco eût été folie ; les frais de patente et de loyer auraient dévoré tous mes bénéfices. Comme je passais par Occobamba, je trouvai son ravin charmant et j’en pris possession. Trois mois après, j’y avais construit cette maison ; au bout d’un an mon industrie faisait merveille. Sous le nom du Mochiganguero[1], que les Indiens m’avaient donné, j’étais connu à dix lieues à la ronde, et de Cuzco même on accourait chez moi la veille des principales fêtes. Mais comme toute profession, si lucrative qu’elle soit, a son temps de chômage, et qu’il m’en coûtait de rester oisif, j’imaginai, toujours dans l’intérêt de mon commerce, d’aller de grand matin dans la montagne me poster à l’affût des tarucas[2] et des viscachas[3], afin de tirer parti de leur fourrure. Il y a

  1. De Mochiganga, mascarade. Faiseur où ordonnateur de mascarades.
  2. Cervus andensis.
  3. Lepus americanus.