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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/390

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tantôt neuf ans que j’habite cet endroit-ci, et comme ma santé s’en trouve bien et que mon commerce y prospère, je ne songe nullement à le quitter pour aller ailleurs. Voilà, señor, tout ce que peut vous apprendre sur son compte un homme qui n’a jamais fait tort à son prochain et qui pense finir comme il a commencé. »

Pedro Diaz se tut, et comme sa volaille était à peu près plumée, il se mit à enlever un reste de duvet, qui adhérait à la peau, avec autant de soin et de respect que s’il se fût agi d’un faisan ou d’un coq de bruyère.

Mais ma curiosité n’était qu’à demi satisfaite. L’Espagnol, en m’apprenant à quel concours de circonstances il devait sa collection de perroquets, ne m’avait rien dit encore sur la situation de ses prisonniers ; or, je tenais essentiellement à savoir ce que ces perroquets avaient pu faire de leurs plumes, et pourquoi leur hygiène différait si fort de celle des autres oiseaux. Quant au commerce inconnu de mon hôte, j’avoue que j’eusse encore été charmé de le connaître, afin d’en discuter les chances avec quelques négociants de ma connaissance ; j’interpellai donc le narrateur avant que sa verve se fût refroidie, et le priai de réparer au plus tôt ces importantes omissions.

« C’est pardieu vrai ! s’écria-t-il, et moi qui croyais vous avoir tout dit. Sachez donc, puisque la chose