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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/393

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nôtre : il finit par se faire à tout. Aujourd’hui les plus forts de la troupe ne se contentent pas de manger la viande : ils cassent encore les os pour en sucer la moelle, tout comme vous et moi pourrions le faire. »

Diaz ayant fini ses explications, se saisit d’une vieille lame, qui lui tenait lieu de couteau de cuisine, et étendit son gibier sur une planchette. Quand il l’eut convenablement découpé, il s’approcha des psittacules, qui suivaient tous ses gestes avec le plus vif intérêt, et déposa, dans la mangeoire de chacun d’eux, une tranche de gallinaso. Pendant que les oiseaux expédiaient leur pitance, témoignant, par de petits monosyllabes gutturaux, le plaisir qu’ils avaient à manger cette chair sanglante, mon hôte, qui venait de frotter ses mains contre terre pour les nettoyer, me demanda si je voulais me remettre en route. Sur ma réponse affirmative, il alla tirer le rideau sur sa ménagerie, m’offrit de nouveau quelques gouttes d’eau-de-vie, pour le coup de l’étrier, puis, quand il eut chargé sa carabine, il la plaça sur son épaule et ferma derrière nous la porte du logis.

J’allai rejoindre mon overo, qui cuisait au soleil, et lorsque je me fus mis en selle, Pedro Diaz le saisit aux crins, afin, dit-il, de se tenir plus près de moi et de pouvoir causer à l’aise. Tournant alors le dos au ravin, nous recommençâmes à louvoyer