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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/394

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parmi les roches, contournant les unes, franchissant les autres, et nous rapprochant toujours de la rivière, que nous finîmes par atteindre, à la satisfaction de l’Espagnol, que mon cheval, impatienté de remorquer, heurtait à chaque instant contre les pierres, afin de s’en débarrasser.

Avec la rivière avait reparu la végétation ; avec la végétation revint la fraîcheur, à laquelle nous fûmes d’autant plus sensibles que la région pierreuse que nous venions de traverser offrait la température d’un four à poulets. Comme l’Espagnol haletait, j’arrêtai mon cheval, pour lui donner le temps de reprendre haleine. Le brave homme s’assit à terre et se mit à s’éventer avec son chapeau, me laissant m’extasier à mon aise sur la beauté du site, que certes l’auteur de Télémaque, s’il eût été à ma place, n’eût pas manqué de trouver fait à souhait pour le plaisir des yeux. Mais Pedro Diaz, dont la fibre était moins sensible, appelait l’endroit un chemin, et déclarait, en outre, que ce chemin, qui conduisait d’Occobamba à Ollantaytampu, lui semblait tout pareil aux autres.

Ce chemin, si c’en était un, semblait avoir été tracé d’après les cartons de Théocrite ou de Virgile, et dégageait un parfum d’églogue qui faisait plaisir à respirer. On n’y voyait, il est vrai, ni bergères dans le genre de Glycère ou d’Amaryllis, ni Tytires dialoguant sous les hêtres ; les violettes non plus