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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/396

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mémoire, comme on garde un parfum subtil dans un flacon scellé.

Pendant le temps que nous suivîmes ce chemin, je m’imaginai voyager en rêve, et, pour compléter l’illusion, je fermai les yeux à demi, laissant les détails se fondre dans les masses et me contentant de prêter l’oreille au chant des oiseaux ; soit que l’orchestre invisible me berçât doucement, soit que la fraîcheur invitât au sommeil, je commençai par m’assoupir et finis bientôt par dormir tout à fait. Un faux pas de ma monture me réveilla en sursaut. En ouvrant les yeux, je ne pus retenir un cri de surprise, qui fit lever le nez à Pedro Diaz. Le site avait totalement changé d’aspect. Les arbres avaient disparu, les oiseaux avaient pris leur vol, et, au lieu de gazons, je ne vis plus autour de moi que des croupes arides, sur lesquelles un soleil de feu dardait ses rayons ; mais à peine avais-je eu le temps de m’étonner de ce changement de décor, que l’Espagnol me cria : He alli el tampu ! (voilà le tampu !) Je suivis la direction de son geste et j’aperçus, à cent pas devant nous, deux piliers, debout au milieu des débris d’un mur d’enceinte. D’autres ruines, qu’à cette distance on ne pouvait encore apprécier, apparaissaient sur les escarpements des serros.

Nous passâmes entre ces deux piliers, monolithes quadrangulaires, qui devaient former autrefois les montants d’une porte, à en juger par le linteau qui