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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/398

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bouleversements successifs du sol ou le marteau de quelque bande noire avait éprouvé si cruellement le pauvre édifice, que, quelque désir que j’en eusse, il ne me fut pas possible de le rétablir par l’imagination dans son intégrité. À peine eûmes-nous passé la porte, que nous nous trouvâmes dans une véritable forêt de cactus et d’arbustes épineux, parmi lesquels gisaient de tous côtés des blocs énormes, sans dates, sans hiéroglyphes, sans sculptures, sans la moindre entaille du ciseau qui pût me renseigner sur leur destination primitive. Comme tous ces blocs étaient à peu près identiques, et que rien ne ressemble plus à une pierre qu’une autre pierre, je crus devoir borner là mes investigations sur ce Tampu, ainsi que l’appelait mon guide, et nous continuâmes de marcher à travers ses ruines, où de gros lézards verts, étendus au soleil, bâillaient de soif et de chaleur.

Sur l’autorité de M. de Buffon, qui fait de ces charmants sauriens des amis de l’homme, j’invitai Pedro Diaz à s’approcher de l’un d’eux, qui avait bien dix-huit pouces de long, afin de lier connaissance avec lui ; mais soit que la physionomie de l’Espagnol ne revînt pas au lézard, soit que l’assertion de M. de Buffon fût erronée, à peine l’animal eut-il vu une main s’allonger vers lui avec l’intention évidente de lui presser la patte, qu’il fit volte-face et rentra précipitamment dans son trou.