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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/399

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Au sortir des halliers, nous entrâmes dans un espace déblayé au delà duquel j’aperçus le village moderne d’Ollantay, qui compte trente ans d’existence. Les maisonnettes de ce pueblo, aux murs de boue et aux toits de chaume, étaient groupées dans ce pittoresque désordre qui caractérise tous les villages de la sierra, où chaque individu étant son propre architecte, bâtit sa demeure à sa fantaisie, sans s’inquiéter le moins du monde de l’effet qui en résultera. Une de ces maisons, plus haute et plus délabrée que les autres, avait son toit de paille surmonté d’une croix, d’où pendaient quelques fleurs séchées. Je la montrai à mon guide, qui me dit que c’était l’église. L’humble temple me rappela la parole du Dieu des petits et des humbles, sinite porvulos venire ad me, et je me dis que son esprit devait habiter cette enceinte, où de pauvres Indiens, le cœur plein de foi, l’esprit ingénu comme celui des enfants, venaient lui demander une consolation pour leurs peines. L’Espagnol, à qui je fis part de ma réflexion, m’apprit que depuis longtemps on ne disait plus la messe dans cette église, mais qu’en revanche on y dansait le zapateo à l’époque du carnaval.

Au reste, un silence profond régnait autour de nous, et je n’aurais trop su lequel, du Tampu ou du village, était la véritable ruine, si en traversant une manière de place je n’eusse aperçu, par une porte entr’ouverte, une matrone indienne occupée à écos-