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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/404

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— Pardieu celui d’Ollantaytampu ; est-ce qu’il y en aurait d’autres, par hasard ?

— Il y a la ville, mon brave homme ; la ville antique, qui vaut mieux que votre taupinière de village ! »

Et du bout de mon crayon je lui montrai les constructions éparses dans la montagne. Il partit d’un éclat de rire qui fut suivi d’une quinte de toux et d’éternuments prolongés.

« Sérieusement, Mon pauvre monsieur, vous avez pris cela pour une ville ? me demanda-t-il, quand il fut en état de parler. »

À cette question, faite d’un ton railleur, j’avoue que je me sentis si vivement atteint dans ma susceptibilité d’archéologue, que, relevant la tête, comme le taureau sous l’aiguillon du picador, j’allais apostropher mon homme d’une façon peu courtoise, quand la réflexion vint m’arrêter à temps. Je me contentai de hausser les épaules et me remis à faire des hachures, regrettant toutefois de n’avoir pas sous la main l’édition de Malte-Brun, où se trouve citée la notice de M. Gay. Avec quelle satisfaction triomphante je l’eusse placée sous les yeux de ce chasseur ignorant, en lui disant : « Lisez ce qui est imprimé ! » Mais j’étais privé de cet argument concluant ; je me souvins d’ailleurs que le malheureux ne savait pas lire. Je me tus, et il profita de mon silence pour revenir à la charge.