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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/405

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« Mon aimable monsieur, me dit-il, mais c’est une ancienne carrière que vous avez prise pour une ville, une carrière d’où les Indiens du temps de la Gentilidad retiraient les pierres qu’ils employaient à la construction de leurs édifices ; les ruines que nous avons traversées en venant ici, aussi bien que les murs de la forteresse de Sacsahuaman, que vous avez pu voir à Cuzco, n’ont pas d’autre provenance. C’étaient de rudes carriers tout de même que ces païens ! et quand ils avaient fait choix d’une montagne ou d’un rocher, au lieu de se borner à l’attaquer d’un seul côté, comme c’est l’usage en Europe, ils l’attaquaient sur tous les points, coupant à même de longues tranches, ni plus ni moins que si c’eût été un pain de six livres. Puis, quand ils étaient dégoûtés de travailler toujours dans le même endroit, ou qu’ils avaient atteint le cœur de la roche, ils la façonnaient alors à leur idée, tantôt en maison, tantôt en cuve, tantôt en pilier ; c’était comme un spécimen de leur travail, en même temps qu’un souvenir de leur passage sur cette terre, qu’ils laissaient à ceux qui les remplaceraient un jour. Pour des brutes sans religion, ce n’était pas trop mal imaginé.

« Quant à leur manière d’opérer, elle était aussi simple que leur costume ; vous savez qu’ils allaient nus comme des vers ; eh bien ! pour détacher les pierres d’une montagne ou d’un rocher, ils n’y met-