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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/406

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taient pas plus de malice. Ils équarrissaient d’abord la masse, traçaient sur ses côtés la figure des blocs qu’ils voulaient en tirer, et creusaient ensuite les contours au ciseau. Puis, quand c’était fait, ils enfonçaient des coins de bois sec, qu’ils mouillaient ensuite, et qui, en se gonflant, finissaient à la longue par faire éclater la pierre. J’ai trouvé souvent, dans les fentes des rochers, de ces coins pourris qui ressemblaient à des tampons d’amadou. Une fois leur pierre enlevée, ils la taillaient, la nivelaient, la frottaient si bien, qu’ils la rendaient polie comme l’acier, et la livraient alors aux maçons, qui n’avaient plus qu’à la mettre en place. Pour peu que vous teniez à visiter un chantier de tailleurs de pierres du temps de la Gentilidad, nous pousserons jusqu’à ces monticules de poussière grise et de moellons brisés, qui sont au pied de la montagne. C’est le produit de toutes les carrières d’en bas. Chaque pierre qu’on en a extraite y a laissé quelques miettes, et ces miettes réunies ont formé, après plusieurs siècles, les tas immenses que vous voyez.

« Tant que les carrières en exploitation se trouvaient au niveau du chantier, comme sont celles-ci, la pierre était transportée à dos d’homme ou roulée à renfort de bras, selon son volume, et passait des mains du carrier à celles du maçon ; rien n’était plus simple. Mais lorsque les carrières se furent élevées de 1 500 à 2 000 pieds, il fallut changer de