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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/408

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quoi. Vous y verrez plusieurs carrières et de véritables maisons, avec leurs escaliers, leurs chambres, leurs sofas, leurs baignoires, tout cela taillé dans le même rocher. Que de fois je m’y suis mis à l’abri de la pluie, quand je faisais des fagots de charamusca sur les hauteurs ! »

Ce coup d’œil rétrospectif que l’Espagnol venait de jeter sur son passé, fut suivi d’une pause, pendant laquelle j’eus le temps d’embrasser tout le cercle d’idées que j’avais parcouru en moins de dix minutes. Malgré tout mon désir d’ajouter foi aux relations imprimées, surtout quand ces relations se trouvent signées de noms illustres, je ne pouvais garder de plus longues illusions. À mesure que Pedro Diaz m’épelait la phrase et me donnait le sens du texte, je me faisais à moi-même l’effet d’un aveugle à qui des écailles tomberaient des yeux. Quand j’eus tout à fait recouvré la vue, ou, pour parler sans métaphore, quand j’eus compris, à n’en plus douter, que la science avait tort et que mon guide avait raison, si je ne lui tendis pas la main, c’est qu’une sotte vanité paralysa ce bon mouvement. Au bout de quelques minutes, étonné du silence que je gardais, il se pencha vers moi pour me regarder, et cette action si simple, dans laquelle mon amour-propre saignant vit une intention de raillerie, me fit monter le rouge au visage ; craignant d’accroître le triomphe de l’Espagnol par cet aveu de ma défaite,