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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/409

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je rabattis vivement mon chapeau sur mes yeux, n’ayant pas le bonheur d’avoir un manteau, comme l’Agamemnon de Timanthe, pour me voiler la tête.

Les ruines d’Ollantaytampu m’étaient devenues odieuses depuis l’échec que j’avais subi. Tomber des hauteurs d’une ville antique dans des trous de carrières, et cela par le fait d’un homme illettré, me semblait le plus cruel outrage qu’on eût jamais reçu de mémoire d’archéologue. Aussi, dès que j’eus remis album et carton dans mes sacoches, m’empressai-je de remonter à cheval. Comme j’avais achevé mes préparatifs sans desserrer les dents, Pedro Diaz, qui commençait à s’inquiéter de ce mutisme, dont il était loin de soupçonner la véritable cause, me demanda d’un ton plein de sollicitude pourquoi je ne parlais pas. Je lui répondis que j’avais une migraine atroce.

En arrivant devant le ravin d’Occobamba, comme je me disposais à prendre congé de lui, il me représenta qu’il était imprudent à moi de voyager seul avec une migraine aussi tenace que celle que je paraissais avoir, et s offrit à m’accompagner jusqu’à Urubamba. J’eus beau l’assurer que cette migraine était à peu près calmée, il n’en persista pas moins dans son offre, et ce ne fut qu’après m’avoir installé dans la maison de son amie, Lina Grégoria Tupayachi, où je trouvai le souper et le gîte, qu’il consentit à se séparer de moi.