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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/415

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mille serviteurs attachés au culte de son Dieu, ce temple, disons-nous, avec ses grands bassins purificatoires, ses douze monolithes qui servaient de gnomons, ses volières d’oiseaux et sa ménagerie de lions, ses greniers d’abondance et son célèbre jardin, offrait aux regards un tel amas de constructions, qu’on eût dit une cité dans la cité. Devant son parvis, entouré d’un mur à hauteur d’homme, se trouvait un rond-point dédié à Vénus ou Coyllur Chasca, (l’étoile à la crinière hérissée, — ainsi nommée à cause de son rayonnement) ; — cinq rues, ou plutôt cinq galeries, séparées par des murailles si élevées qu’elles interceptaient la chaleur et la lumière, mais permettaient au vent d’y mugir avec un bruit sinistre, allaient aboutir à la grande place de la cité, qui servait de lieu de réjouissances à l’époque des fêtes équinoxiales Raymi et Citua ; cette place, de huit cents pas carrés, était bordée, sur toutes ses faces, d’un mur de granit percé de deux cents ouvertures, et huit monolithes quadrangulaires, reliés par des chaînes d’or, en marquaient le centre.

Tel est, sommairement, le coup d’œil que présentait, vu du haut du Sacsahuaman, le faubourg Hurin, placé, comme nous l’avons dit, sous la gracieuse protection de la Coya ou impératrice. Le faubourg Hanan, quoique relevant du chef de l’État, n’offrait qu’une agglomération de salles huttes, aux murs de terre, aux toits de chaume, absolument pareilles aux