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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/416

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ranchos de nos jours ; à quelque distance de ces huttes, sur la colline d’Amahuara, qui touchait presque au mur d’enceinte, deux édifices s’étaient fièrement retranchés, comme pour fuir le contact de la plèbe ; l’un était le palais de Pachacutec, qui datait de la fin du douzième siècle, et qu’un tremblement de terre avait abattu en partie, l’autre était la ménagerie de serpents et de tigres de Yupanqui, père de l’empereur régnant, qui possédait, entre autres raretés zoologiques, une collection, aussi nombreuse que variée, d’Indiens Chancas, préalablement écorchés vifs par ordre de l’inca et dont les peaux, bourrées de cendre, figuraient, soit des musiciens tenant des tambours et des flûtes, soit des danseurs accrochés aux plafonds.

Autour du parallélogramme architectural que nous venons d’indiquer à la hâte, s’étendaient les propriétés publiques et privées, consistant en carrés de fèves, de patates, de quinua[1] et de maïs. Ces verdures, bien que pâles et souffreteuses, ne laissaient pas que d’égayer un peu les alentours de la ville sacrée, à laquelle ses palais de granit à toiture de chaume et ses lourdes murailles d’un ton terreux, donnaient, comme on le voit, un aspect peu séduisant ; enfin, au delà des plantations, un amphithéâtre circulaire de hautes montagnes à pentes

  1. Chenopodium quinoa.