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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/417

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douces, aux sommets arrondis, aux flancs revêtus d’un gramen roussâtre, bornait l’horizon de tous les côtés ; ainsi placée au fond de cet entonnoir, dont elle occupait le centre, la ville du Soleil justifiait admirablement l’épithète de Ccozco (nombril) que son fondateur lui avait donnée.

L’inca Tupac Yupanqui dont nous avons parlé en commençant, se disposait à partir pour la province de Tumipampa qu’il espérait enlever à la nation Charca pour l’ajouter à son empire ; en son absence, un de ses oncles restait chargé du soin de l’État ; pour conjurer les divinités malfaisantes et assurer le succès des armes impériales, des sacrifices de chicha avaient été offerts au Soleil ; cent brassées de paille de maïs, teinte en rouge et noircie ensuite à la flamme, avaient été enterrées dans la campagne ; et plus de mille cochons d’Inde tachetés de roux et de blanc, sans mélange d’autre couleur, avaient été brûlés vifs au seuil de la demeure des principaux caciques, dans la nuit de pancuma ou d’expiation.

Un matin que l’Inca revenait du temple, après s’être prosterné devant les momies embaumées de ses aïeux qui formaient, de chaque côté de l’autel, une double ligne où chacun de ces illustres personnages, homme ou femme, était placé par ordre chronologique, sa litière s’arrêta au milieu de la grande place, à quelques pas des monolithes qui la