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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/418

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décoraient. Si, parmi ceux qui nous lisent, quelqu’un est désireux d’avoir des renseignements sur la litière d’un Inca en l’an de grâce 1463, nous pouvons satisfaire sa curiosité : cette litière, formée d’un bois odorant donné par la nation Chilcas à titre de tribut, avait la forme prosaïque d’une civière ; quatre verges d’or de la grosseur du doigt, partant des angles du carré et se courbant comme la carcasse d’un dais, formaient un dôme auquel, selon l’état atmosphérique ou la fantaisie de l’empereur, on pouvait adapter des rideaux de coton ; un siége et un escabeau, ornés de lames d’or et d’incrustations précieuses, étaient cloués à demeure sur le plancher de la litière, que huit hommes vigoureux de la tribu des Lucanas, portaient sur leurs épaules.

Tupac Yupanqui, assis sur le siége et les pieds posés sur l’escabeau, était vêtu d’une tunique de laine d’Alpaca d’une blancheur de neige, rehaussée par une bordure multicolore. Ce vêtement, échancré à la poitrine, et si court qu’il permettait de voir les genouillères d’or que portait l’empereur, avait deux ouvertures pour laisser passer les bras. Un gorgerin de feuilles d’or battu, d’une flexibilité telle qu’il se prêtait aux moindres mouvements, entourait le col et la poitrine et venait former sur les épaules, auxquelles il servait à la fois d’ornement et de défense, cinq pointes écaillées comme l’armure d’un poisson. La coiffure se composait d’une couronne