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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/419

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sans couvre-chef, bordée d’une frange de laine d’un rouge obscur, qui laissait passer les cheveux coupés carrément sur le front, et formait, en s’adaptant à des oreillères d’or, larges comme des soucoupes, un encadrement au visage. Deux plumes de l’oiseau Correquenque[1], mi-parties de blanc et de noir, surmontaient ce bizarre diadème. La plante des pieds de Tupac Yupanqui était protégée par des sandales d’or lacées sur le cou-de-pied ; sur son épaule gauche pendait une mante rayée, tissée avec la laine des vigognes ; un cordon, passé en sautoir, soutenait sa bourse à coca[2], et le champi, sceptre souverain, pareil à une masse d’armes du moyen âge, reposait dans sa main droite.

Quant au visage de l’empereur, malgré tout notre désir de satisfaire la curiosité que nous pouvons avoir éveillée, nous avouons qu’il ne nous est pas possible d’en donner une idée complète ; les notes du chanoine Ayala, auxquelles nous empruntons nos renseignements, ne contenant que quatre mots à ce sujet. Il est vrai que ces quatre mots équivalent à quatre lignes : Sayayñin cumu cencca huarmicamayoc, ce qui signifie que notre Inca était de haute

  1. Vultur grypho.
  2. Erythroxilum coca, petit arbuste de la famille des Malpighiacées. Les Incas seuls avaient autrefois le privilége de mâcher les feuilles de cet arbuste, dont l’usage est aujourd’hui vulgarisé parmi les Indiens des deux sexes.