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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/50

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vice, devaient, il est vrai, rester à ma charge, le tambo n’étant qu’un abri et pas du tout une hôtellerie, genre d’institution inconnu d’ailleurs à Cuzco.

Pendant que j’examinais ce singulier réduit, long de dix pieds sur six de large, épais de muraille, voûté en dôme, et qui n’avait d’autre meuble qu’un cube de maçonnerie destiné à supporter le lit ou l’almofrez du voyageur, l’arriero revint muni d’une chandelle qu’il venait d’acheter et d’un plat en terre contenant un peu de salade hachée menu, deux poissons frits et un petit pain. C’était mon souper. Bien qu’accoutumé à la vie frugale des voyages, j’allais hasarder une observation sur la mesquinerie de ce repas, quand le muletier s’empressa de me dire que c’était tout ce que la capitale des Incas pouvait offrir à pareille heure. Je n’eus plus qu’à m’asseoir et à expédier ma pitance.

Après une nuit entière passée à regarder couler le suif de mon luminaire, car des aptères hexapodes de l’ordre des suceurs s’étaient introduits dans mon lit et ne me permirent pas de fermer l’œil, je priai le muletier de me trouver un logement dans lequel on pût travailler le jour et dormir la nuit, le cachot du tambo de San José n’offrant aucune espèce de ces ressources : Le brave homme se mit en course, explora tour à tour la ville et les faubourgs, et réussit à me trouver, chez une veuve de la rue du Marquis, deux pièces situées au rez-de-chaussée, dans