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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/51

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le fond d’une cour : le tout fort humide, garni de gros barreaux de fer, et dégarni de meubles. La veuve, eu égard à ma qualité de Français, ne demandait du logement que seize piastres par mois, et offrait généreusement de prêter deux chaises. J’acceptai sa proposition. Quand je fus installé dans ce logement, je m’y trouvai si mal que j’en parlai à mon hôtesse, qui sourit en me disant qu’il ne tiendrait qu’à moi d’y être comme un dieu ; en effet, une amie de la veuve, que je soupçonnai toujours d’être la veuve elle-même, se chargea de prêter des meubles pour tout le temps que je passerais à Cuzco. Le logement fut transformé, les fenêtres garnies de rideaux, le sol recouvert d’un tapis, et ma bourse allégée de quarante piastres qu’il me fallut payer comptant.

Les premiers jours de mon arrivée furent exclusivement consacrés à la visite des antiquités. Du haut de la forteresse ruinée du Sacsahuaman, j’étais parvenu à reconstruire l’ancienne ville, aidé dans ce travail par les débris des murs incasiens qui supportent les constructions modernes ; Pizarre et ses compagnons, pour éviter les frais de main-d’œuvre, s’étant contentés de décapiter les anciens édifices au lieu de les abattre entièrement.

La ville actuelle, presque dépeuplée relativement à sa grandeur, ne compte que 16 000 habitants, bien que M. Huot, continuateur de Maltebrun, lui en ait