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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/58

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taille, en voilait les chastes contours ; un cercle d’or brillait à leurs oreilles, et une coiffure de fleurs de capucines ravivait encore le noir lustré de leur chevelure.

Ma présentation à ces descendants du Soleil eut lieu selon les règles du cérémonial quechua. Le chanoine me reçut des mains de Balcarcel, me pressa la tête contre sa poitrine et ne remit aux ñustas ou princesses ses nièces, qui me tendirent leur main que je baisai respectueusement. Cette formalité accomplie, nous nous assîmes au milieu d’un silence si profond qu’on eût entendu des mouches voler.

Quelques minutes se passèrent et le chanoine, m’adressant un profond salut :

« Parlez, seigneur français, » me dit-il en langue espagnole.

En homme au courant de l’étiquette ando-péruvienne, je n’eus garde d’accepter l’invitation qui m’était faite, barbarisme social que se fût hâté de commettre un voyageur novice. Je lui rendis donc son salut en répliquant :

« La parole est à vous, seigneur chanoine. »

Le silence régna de plus belle.

Au bout d’un moment, notre hôte se tourna vers don José :

« Vous ne parlez donc pas, seigneur préfet ? » demanda-t-il à ce dernier.