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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/59

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Balcarcel fit une réponse exactement semblable à la mienne.

Le chanoine prit le parti de s’exécuter :

« Chers seigneurs, nous dit-il, je vous suis bien reconnaissant de votre bonne visite ; don José, nous nous connaissons depuis longtemps et vous ne mettrez pas en doute la sincérité de mes paroles ; quant à votre ami, qui me voit aujourd’hui pour la première fois, si je lui disais que ses compatriotes sont de tous les Européens ceux que je préfère, il prendrait cela pour une flatterie ; qu’il juge plutôt par lui-même du cas que je fais des hommes de sa nation. »

Le chanoine montrait du doigt le portrait de Napoléon Ier.

« Seigneur chanoine, répliquai-je, je vous remercie de la bonne opinion que vous avez de nous : mais la généralité de la nation française ne saurait être comparée à l’homme que vous désignez ; celui-là était une exception aussi rare que glorieuse, et mes compatriotes, qu’il dépassait de cent coudées, l’ont surnommé, d’accord en ceci avec les nations rivales, le plus grand génie des temps modernes.

— Et vos compatriotes ont eu raison : après Simon Bolivar, le libérateur de l’Amérique, Napoléon est, à mon avis, le plus grand capitaine du monde entier. »

Je m’inclinai sans répondre ; qu’ajouter en effet à un pareil éloge !