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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/60

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La conversation tomba bientôt sur Cuzco et ses antiquités. Placé sur son véritable terrain, le chanoine se mit en frais d’érudition, et, après avoir disserté longuement sur la matière, me demanda quel effet la cité du Soleil avait produit sur moi. Comme je lui répondais que j’étais encore sous le coup de l’étonnement, situation morale qui ne me permettait pas de formuler un jugement raisonnable : « Valgame Dios ! s’écria-t-il, vous êtes le premier voyageur que j’entende parler ainsi ; tous ceux que j’ai vus avaient la prétention de connaître à fond ce pays après un séjour de quelques heures ; et tenez, le dernier d’entre eux, un marquis milanais dont j’ai oublié le nom, ne poussa-t-il pas l’irrévérence jusqu’à discuter avec moi des points de notre histoire qui me sont aussi familiers que mon pater noster. Autant valait me dire que j’étais une bête ou que je radotais !

— Il est des gens si mal appris ! » fit don José de Balcarcel en manière d’apophtegme.

Les deux princesses le regardèrent d’un air gracieux, et celle qui paraissait l’aînée se pencha vers lui et lui dit à demi-voix :

« Oquey huéracocha iatchasca sapd tuta café hufia cuyman[1].

Hinapouni[2], » fit le préfet.

  1. Ce seigneur a peut-être l’habitude de prendre du café.
  2. C’est probable.