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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/61

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Je ne pus réprimer un sourire, que l’altesse surprit au passage.

« Auriez-vous compris ce que je viens de dire à votre ami ? » me demanda-t-elle en adoucissant encore sa douce voix.

Je confessai d’un air modeste que la langue sacrée du Soleil ne m’était pas inconnue.

Cette révélation obtint un succès d’enthousiasme et fondit subitement la glace qui nous séparait ; le chanoine me serra la main, ses nièces rapprochèrent leurs chaises de la mienne, tandis que don José, sérieux comme une idole japonaise, me chatouillait les jambes avec le bout de sa canne.

Sur un signe des princesses, le laquais indien qui assistait à notre entrevue, accroupi dans un coin du salon, où il ne bougeait pas plus qu’une sculpture, se leva, roula devant nous un guéridon, le couvrit d’une nappe en guipure, y plaça des tasses et un sucrier, courut préparer le café, et nous l’apporta au bout d’une demi-heure dans un pot en terre brune, qu’il débarrassa du cercle de cendres qui en marquait la base. L’homme le servit à la ronde en versant de haut, comme ces sveltes pages des tableaux de Terburg.

Pendant notre visite, qui dura quatre heures, la conversation passa par toutes les phases qui rattachent le sublime au grotesque. De Napoléon Ier et de la dynastie du Soleil, nous en étions venus à traiter