Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la question des socques articulés, que le chanoine Inca trouvait bien supérieurs aux souliers à semelle de liége, nouvellement importés dans le pays.

Comme je me disposais à partir, il me demanda où j’avais élu domicile, s’offrant à me servir de guide dans un pèlerinage archéologique à travers la ville, proposition que j’acceptai avec tant d’empressement qu’il crut devoir m’annoncer sa visite pour le dimanche suivant à onze heures très-précises.

Au jour fixé, le digne Sahuaraura, exact comme une horloge à réveil, entrait chez moi au moment où l’esquilon d’argent de la cathédrale, annonçait la fin de la grand’messe. Je ne le reconnus pas tout d’abord, tant son nouveau costume le rajeunissait.

Il était coiffé d’un sombrero à la Bazile, orné de deux houppes pendantes. Sa soutane en satin noir de Malaga, qui lui serrait coquettement la taille, son rabat en satin bleu broché d’argent et ses manchettes en point de Venise, lui donnaient l’air galant d’un abbé de cour. Un splendide parapluie en taffetas rouge lui servait à assurer sa marche et pouvait garantir son chef en cas d’ondée.

Sans prendre le temps de se reposer, il m’entraîna dehors avec une vivacité juvénile et déploya sur-le-champ ses connaissances de cicerone. Nous fîmes religieusement le tour de la ville, nous arrêtant devant tous les murs, furetant dans tous les recoins, examinant les moindres pierres. Le bon chanoine,