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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/63

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doublement consciencieux en sa qualité de prêtre et d’antiquaire, n’omit aucun détail et tint à me montrer jusqu’au dernier moellon du temps des Incas.

Trois heures sonnaient quand nous arrivâmes devant le temple du Soleil, aujourd’hui église et couvent de Saint-Dominique. Là, mon guide fit halte, tant pour reprendre haleine que pour préparer sa dissertation sur l’antique monument. Pendant qu’il rassemblait ses idées, je remarquai de l’autre côté de la rue ou plutôt du chemin, car cet endroit de la ville était aussi désert que montueux, les débris d’une muraille bâtie, non plus dans l’appareil cyclopéen de la période héroïque, ou dans l’appareil isodomum, comme la plupart des échantillons que nous venions d’examiner, mais dans la manière que les architectes modernes nomment appareil en bossage. Je montrai cette ruine au chanoine en lui demandant à quel édifice elle se rattachait,

« Laissons cela, me dit-il ; c’était la demeure d’un traître, dont le souvenir est odieux à tous ceux de ma race. Quant son nom, si vous tenez à le savoir, on l’appelait Matheo Pomacagua.

— Ce cacique, qui livra Tupac-Amaru aux Espagnols ?

— Lui-même ; et ces Espagnols, qui devaient récompenser son dévouement à leur cause par le grade de colonel, s’acquittèrent envers lui en lui faisant