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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/64

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trancher la tête. Les ruines que vous voyez sont celles de sa maison, rasée en 1814 par arrêt de la cour suprême. Mais qui a pu vous parler de Tupac-Amaru, cousin germain de ma défunte mère ? Je ne connais aucun auteur qui fasse mention de mon noble parent. »

Je racontai au chanoine les détails de mon entrevue avec le curé de Tungasuca et l’histoire que je tenais du sacristain Symphorose, sans oublier la brusque façon dont l’Indien l’avait terminée à l’endroit le plus pathétique.

« Vous touchiez, sans le savoir, à la plaie vive de ce malheureux, que je connais beaucoup et que j’eusse déjà recueilli, si, depuis longtemps, Tungasuca n’était pour lui le nid, la patrie, l’univers. Mais je comblerai la lacune qu’il a laissée dans vos souvenirs. Remettons à un autre jour notre examen des ruines du temple du Soleil et allons chez moi, où nous trouverons don José de Balcarcel. Je l’ai invité à dîner dans l’idée que vous ne refuseriez pas de vous joindre à nous. »

Comme j’allais répondre, le chanoine mit mon bras sous le sien et m’entraîna vers sa demeure, située, ainsi que je l’ai déjà dit, derrière le couvent de Santo Domingo.

Les vierges du Soleil, vêtues de soie vert pomme, drapées dans des châles de crêpe de Chine ponceau et coiffées d’asters naturels, étaient assises dans le