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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/7

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règle vis-à-vis de quelques importuns, m’arrachait brutalement aux douceurs de ma solitude et aux parfums pénétrants de mes daturas.

Quelques heures me suffirent pour préparer mes bagages et prendre un passe-port. Dans l’après-midi, accompagné d’un arriero qui me louait des mules et devait me servir de guide, je quittai ma demeure, longeai l’interminable rue de Huayna-Marca, et traversant la Pampilla, désert de sable étendu aux portes de la ville, je commençai à gravir les hauteurs de Cangallo.

L’ascension était rude pour nos montures et peu récréative pour moi-même qui, tournant le dos à la ville et aux cultures des environs, n’avais d’autre perspective qu’une montagne de schiste micacé, parfaitement aride, sur laquelle tombaient à pic les rayons d’un soleil brûlant. Santiago, c’était le nom du guide, bavardait de son mieux pour rompre la monotonie de notre tête-à-tête, mais sa conversation, qui ne roulait que sur les difficultés du chemin ou les qualités de ses bêtes, n’était pas de nature à m’enthousiasmer, et je le laissai parler sans l’interrompre. Après un long monologue que la chaleur et la poussière rendaient très-méritoire, mon homme, rebuté par le silence que je gardais obstinément, s’affaissa sur sa selle et parut s’assoupir. Les mules, suant et soufflant, continuèrent leur tâche laborieuse. Le soleil avait disparu quand nous