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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/8

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atteignîmes le point culminant de la montagne, et, comme il arrive toujours sous ces latitudes où les crépuscules sont inconnus, la nuit descendit brusquement et nous surprit en chemin. Heureusement la poste de Cangallo, où nous devions coucher, se trouvait à peu de distance, et une demi-heure d’un trot rapide nous suffit pour y arriver.

Après un léger repas prélevé sur les provisions que renfermaient mes sacoches, j’allai faire le tour du bâtiment qui nous servait d’abri. Des murs de boue, des toits de chaume, un parc à lamas, fut tout ce que j’entrevis dans l’ombre. À la température brûlante de la journée avaient succédé les rigueurs du pôle. Une bise glaciale soufflait de la Cordillère, dont les cimes blanchâtres se dressaient à l’horizon ; la terre durcie craquait sous mes pieds, et certain ruisseau qui, pendant le jour, avait dû tomber des rochers et traverser en murmurant le plan incliné sur lequel la poste était édifiée, dormait à cette heure emprisonné sous une croûte solide. Le ciel, magnifiquement constellé, promettait pour le lendemain une belle journée.

En rentrant, je trouvai Santiago accroupi devant un bûcher qu’il avait allumé au milieu de la chambre. L’idée du mozo me parut excellente, bien que la fumée qui se dégageait du foyer menaçât de nous asphyxier pendant notre sommeil ; mais comme il m’assura qu’elle s’envolerait par la toiture, je le