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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/74

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jour qu’ils tiennent pour néfaste et que nous qualifions d’heureux. Les documents, cartons ou dossiers relatifs aux titres de descendance des Incas et reconnus pour tels par l’empereur Charles V, devront être apportés sur la place publique pour y être lacérés et brûlés par la main du bourreau.

« Prononcé par nous, très-illustre et très-puissant seigneur, don Antonio José de Azèche, chevalier de l’ordre royal de Charles III, surintendant de la rente des tabacs, visitador général des tribunaux, etc., etc., assisté dans nos fonctions par les seigneurs Fernand de Saavedra, José de Sanz, etc., etc.

« Cuzco, 15 mai 1781. »

« Et cette horrible sentence fut exécutée ? demandai-je au chanoine qui avait terminé ses prières et, debout derrière moi, me regardait écrire.

— Dans toute sa teneur, me répondit-il. Mais ce que vous ignorez, car la sentence n’en dit rien, c’est qu’avant de mourir, Tupac-Amaru vit tomber devant lui les têtes de sa femme, de son oncle et de son neveu. Les deux fils de l’Inca, qu’on avait enchaînés à un poteau, assistèrent ensuite au supplice de leur père et furent assommés eux-mêmes avec la chaîne de fer qui les retenait captifs. Ces faits monstrueux s’accomplirent le 18 mai 1781, trois jours après la signification de la sentence, à onze heures du matin,