Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur la place de la cathédrale, à l’endroit appelé : Portales de los Panaderos.

— Dieu fasse paix aux victimes et pardonne aux bourreaux ! murmurai-je en rendant le cahier à son propriétaire et mettant dans ma poche la traduction que je venais de faire.

Amen, répliqua Sahuaraura ; et maintenant que votre curiosité est satisfaite, mon chapelet dit et notre cigare achevé, allons rejoindre ces dames qui doivent m’en vouloir de les avoir privées du plaisir de danser avec vous. »

Une explosion de rires, de cris et de musique nous accueillit en entrant dans le salon.

Le Jaleo, exécuté par les deux sœurs et dirigé par le préfet de Calca, qui raclait tour à tour les cordes de la guitare et cognait du poing son ventre sonore, touchait à ce moment de délire où le danseur, courbé jusqu’à terre, poursuit sa danseuse de sollicitations pressantes. Le rôle de l’homme était rempli par l’aînée des princesses avec un entrain, une désinvolture dignes d’un chinganero de profession. Le vieux chanoine, enthousiasmé, se mit à battre des mains en mesure en me faisant signe de l’imiter. Anda la Jarana[1] ! cria don José en accélérant le mouvement de la figure avez les pieds, les mains

  1. En avant le tapage ! C’est l’expression dont le joueur de guitare se sert ordinairement pour accélérer le mouvement de la dernière figure du Jaleo.