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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/80

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leur faire les siens. Habituellement on y vient à cheval, en habits de voyage, et le matin plutôt que le soir. Des provisions sont étalées sur l’herbe ; la compagnie s’assied en rond, et la fête du cacharpari, ou des adieux, commence par de gais propos, se poursuit au milieu des chants et des rires et s’achève souvent dans les pleurs. »

Comme nous étions arrivés, il ne restait plus qu’à suivre de point en point les indications du chanoine. Nous nous assîmes donc, non pas sur l’herbe, le site en était dépourvu, mais sur les tapis de nos selles, non pas en cercle, mais aux quatre points cardinaux, et le laquais ayant débarrassé la manne des vivres qu’elle contenait, nous nous trouvâmes en face d’un excellent déjeuner, que l’exercice et l’air vif du matin rendaient doublement précieux.

Au plus fort de l’engagement, et comme nous portions un toast au rétablissement des antiques coutumes, quelques passants, qui remontaient la route, nous montrèrent du doigt en riant. Cette inconvenance, que le chanoine et ses nièces ne relevèrent pas, et à laquelle l’Indien riposta par un geste de mépris non équivoque, me donna à penser que notre réunion sous l’arbre des adieux devait être un fait acquis à l’histoire, un usage tombé en désuétude et si peu connu de la génération actuelle, qu’il prêtait à rire aux badauds.

Après une réfection plus que suffisante et des liba-