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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/89

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— Rien n’est plus facile ; toutefois je vous avouerai, avant d’aller plus loin, que le mouvement que je me suis donné cette nuit en courant d’un quartier à l’autre, les émotions successives que j’ai éprouvées et la poussière qu’il m’a fallu avaler en outre, m’ont si fort desséché la gorge, que le nom que vous demandez aura bien de la peine à en sortir… Ah ! si j’avais le moindre verre d’eau-de-vie, ou seulement un demi-réal pour me le procurer, que de choses intéressantes je pourrais vous apprendre… ! »

La pensée du sereno était d’autant plus saisissable, qu’il avait cru devoir y joindre les ressources de la mimique en passant un bras à travers mes barreaux et en me montrant la paume de sa main, comme une sébile dans laquelle je pouvais déposer mon offrande. Je n’eus plus qu’à m’exécuter.

Mais au moment où l’homme, après m’avoir remercié par un signe de tête, se disposait à me livrer, en échange de ma pièce de monnaie, les secrets de sa politique transcendentale, une troupe de soldats et de Cholos que nous n’avions pas entendus venir, par la raison bien simple que leurs pieds, privés de chaussures, n’éveillaient aucun écho dans la nuit, débouchèrent tout à coup par la rue de Santo Domingo, munis de torches allumées, dont les reflets empourpraient les maisons voisines. Parvenus au centre du carrefour, ces hommes s’arrêtèrent pour pousser un cri de ralliement, auquel répondit un