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Page:Marguerite de France - Memoires et Lettres.djvu/221

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POUR HENRI DE BOURBON.

mort. Mesmes quelques uns de mes gentils-hommes furent advertys de leurs amys, qui estoient à monsieur de Guise, qu’ils sortissent de leur quartier pour aller au leur ; parce qu’il ne faisoit pas seur pour les miens : et aussi le Gast me venant voir, disoit tout haut que, la Rochelle prinse, on feroit parler tout aultrement des huguenots et des nouveaux catholiques. Vous pouvez penser, si en ayant eu tant d’advertissements, et mesme de luy, en qui le roy de Pologne se fioit entierement, disant ces choses, s’il n’y avoit pas juste occasion de le croire. Toutesfois ayant promis au roy de Pologne que, si j’entendois quelque chose pour le service du Roy et le sien, je l’en advertirois, comme je fis l’allant trouver le soir à son cabinet, luy faisant entendre comme le tout se passoit. De quoy il m’asseura qu’il n’en estoit rien, et des lors il me promit tant d’amitié, que, me separant de cette frayeur, je cessay de faire garde à mon logis comme j’avois esté contrainct de faire pour l’asseurance de ma vie. Depuis je ne perdis aucune occasion de me tenir aupres de luy, pour faire preuve que je n’avois rien de plus cher que ses bonnes graces. En ce temps-là le camp fut rompu, et nous revinsmes de La Rochelle vous trouver, où il ne s’est parlé que du depart du roy de Pologne, lequel vos majestez furent conduire jusques à Vitry, où j’eus advertissement de plusieurs endroits que l’on vouloit tuer le Roy (ce que je ne voulus jamais croire), ensemble monsieur le Duc et moy, et faire le roy de Pologne roy. Toutesfois, faisant entendre ce que j’avois aprins a monsieur le Duc,