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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome II.djvu/114

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IJe JOURNÉE

combat, se voulut faire pareil à celuy qu’il doubtoit estre son ennemy, pour se contenter luy mesme d’expérimenter la bonté & la hardiesse de son cueur.

— Sans poinct de faulte, » dist Parlamente, « il avoit raison ; car la louange de tous les hommes ne peult tant satisfaire ung bon cueur que le sçavoir & l’expérience, qu’il a seul, des vertuz que Dieu a mises en luy.

— Il y a long temps, » dist Geburon, « que les Anciens nous ont painct que, pour venir au Temple de Renommée, il falloit passer par celuy de Vertu, & moy, qui congnois les deux personnaiges dont je vous ai faict le compte, sçay bien que véritablement le Roy est ung des plus hardiz hommes qui soit en son Royaume.

— Par ma foy, » dist Hircan, « à l’heure que le Comte Guillaume vint en France, j’eusse plus crainct son espée que celles des quatre plus gentilz compaignons Italiens qui fussent en la Court.

— Nous sçavons bien, » dit Ennasuite, « qu’il est tant estimé que nos louanges ne sçauroient atteindre à son mérite & que nostre journée seroit plus tost passée que chascun en eust dict ce qu’il luy en semble. Parquoy je vous prie, ma Dame, donnez vostre voix à quelqu’un qui die encores quelque bien des hommes, s’il y en a. »

Oisille dist à Hircan : « Il me semble que vous avez tant accoustumé de dire mal des femmes qu’il vous sera aisé de nous faire quelque bon compte à la louange d’un homme, par quoy je vous donne ma voix.

— Ce me sera chose aisée à faire, » dist Hircan, »