sa puissance ni de toutes les créatures du monde.
La Marquise, voyant son bon vouloir, la baisa, la laissant non sans grand regret.
Et depuis vesquirent Pauline & son serviteur si sainctement & dévotement en leur Observance, que l’on ne doibt doubter que celuy duquel la fin de la loy est charité ne leur dist à la fin de leur vie, comme à la Magdelaine, que leurs pechez leur estoient pardonnez veu qu’ils avoient beaucoup aymé, & qu’il ne les retirast en paix au lieu où la récompense passe touz les mérites des hommes.
« Vous ne pouvez icy nier, mes Dames, que l’amour de l’homme ne se soyt monstrée la plus grande ; mais elle luy fut si bien rendue que je voudrois que tous ceux qui s’en meslent fussent autant recompensez.
— Il y auroit doncques, » dist Hircan, « plus de fols & de folles declairez qu’il n’y en eut oncques ?
— Appelez vous follie, » dist Oisille, « d’aymer honnestement en la jeunesse, & puis de convertir cest amour du tout à Dieu ? »
Hircan en riant luy respondit : « Si mélancolie & desespoir sont louables, je diray que Pauline & son serviteur sont bien dignes d’estre louez.
— Si est ce, » dist Geburon, « que Dieu a plusieurs moyens de nous tirer à luy, dont les commencemens semblent estre maulvais, mais la fin en est bonne.
— Encores ay je une opinion, » dist Parlamente, « que jamais homme n’aymera parfaictement Dieu