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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome II.djvu/185

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XXJe NOUVELLE

agréable au père & à Rolandine & fut incontinent conclud.

Il est vray que ung frère qu’elle avoyt, seul héritier de la Maison, ne vouloit s’accorder qu’elle eust nul partage, luy mectant au devant qu’elle avoyt desobéy à son père. Et après la mort du bon homme luy tint de si grandes rigueurs que son mary, qui estoit un puisné, & elle avoient bien affaire de vivre.

En quoy Dieu pourveut, car le frère, qui vouloit tout tenir, laissa en ung jour par une mort subite le bien qu’il tenoit de sa seur & le sien quant & quant.

Ainsy elle fut héritière d’une bonne & grosse maison, où elle vesquit sainctement & honorablement en l’amour de son mary, &, après avoir eslevé deux filz que Dieu leur donna, rendit joyeusement son ame à Celluy où de tout temps elle avoit sa parfaicte confiance.


« Or, mes Dames, je vous prie que les hommes, qui nous veulent peindre tant inconstantes, viennent mainctenant icy & me monstrent l’exemple d’un aussi bon mary que ceste cy fut bonne femme, & d’une telle foy & persévérance. Je suis seure qu’il leur seroit si difficile que j’aime mieulx les en quicter que de me mettre en ceste peyne, mais non vous, mes Dames, de vous prier, pour continuer vostre gloire, ou du tout n’aimer poinct