faictes, ce qu’elle luy tint, dont il demeura si satisfaict qu’il fut content de demeurer cinq ou six jours enfermé en une Garderobbe sans saillyr dehors, & là ne vivoyt que de restaurans.
Durant les huict jours qu’il estoyt caché, vint un de ses compaignons faire l’amour à la Contesse, lequel avoyt nom Durassier. Elle tint telz termes à ce serviteur qu’elle avoyt faict au premier au commencement en rudes & audatieux propos, qui tous les jours s’adoucissoient &, quant c’estoyt le jour qu’elle donnoit congé au premier prisonnier, elle mectoit ung serviteur en sa place. Et, durant qu’il y estoyt, ung autre sien compaignon, nommé Valnebon, feyt pareille office que les deux premiers, & après eulx en vindrent deux ou trois aultres qui avoyent part à la doulse prison.
Ceste vie dura assez longuement, & conduicte si finement que les ungs ne sçavoient riens des aultres &, combien qu’ilz entendissent assez l’amour que chacun luy portoyt, si n’y avoyt il nul qui ne pensast en avoir eu seul ce qu’il en demandoyt, & se mocquoit chacun de son compagnon, qu’il pensoit avoir failly à ung si grand bien.
Ung jour que les Gentilz hommes dessus nommez estoient en ung bancquet où ilz faisoient fort grand chère, ilz commencèrent à parler de leurs fortunes & prisons qu’ilz avoient eues durant les guerres. Mais Valnebon, à qui il faisoyt mal de