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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/91

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XLVJe NOUVELLE

quelle différence il y a entre ces deux pénitences, car de Rome on en revient ordinairement ; mais d’Enfer, oh ! on n’en revient point ; nulla est redemptio. »

Depuis cette prédication il fut adverty que les femmes faisoient leur Achilles de ce qu’il avoit dict & que les mariz ne pouvoient plus chevir d’elles, à quoy il s’advisa de mettre ordre comme à l’inconvénient des femmes.

Et pour ce faire, en l’un de ses sermons il accompara les femmes aux Diables, disant que ce sont les deux plus grands ennemis de l’homme & qui le tentent sans cesse, & desquels il ne se peut despestrer, & par espécial de la femme :

« Car, » dist il, « quant aux Diables, en leur monstrant la croix, ils s’enfuyent, & les femmes, tout au rebours, c’est cela qui les apprivoise, qui les faict aller & courir, & qui faict qu’elles donnent à leurs mariz infinité de passions. Mais sçavez vous que vous y ferez, bonnes gens ? Quand vous verrez que vos femmes vous tourmenteront ainsi sans cesse comme elles ont accoustumé, desmanchez la croix & du manche chassez les au loing. Vous n’aurez point faict trois ou quatre fois ceste expérience vivement que vous ne vous en trouviez bien, & verrez que, tout ainsi que l’on chasse le diable en la vertu de la croix, aussi chasserez vous & ferez taire voz femmes en la vertu du manche