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LES FARCES

lors en Italie, &, comme des bouffons ne sont niais que pour donner du plaisir &, comme guenons, devenir plaisants imitateurs des humeurs & volontés du maistre, aussi ces gens, reconnoissant l’inclination de la Roine, parmy leurs jeux entremeslent plusieurs rondeaux & virelais sur le sujet des Ecclésiastiques. Toujours quelque pauvre Moine avoit part à la Comédie & à la Farce. Il sembloit qu’on ne peut se resjouir sans se moquer de Dieu & de ses Officiers. »

Le P. Hilarion de Coste, Vies & éloges des Dames illustres, II, 272, répète aussi la qualité italienne des acteurs, &, après avoir résumé ce qu’on vient de lire de Florimond, ajoute très gratuitement au trait final sur les rondeaux & virelais contre les Ecclésiastiques : « Particulièrement contre les Moines & les Religieux, les Curés & les Prêtres de village. » Je ne sais jusqu’à quel point Marguerite a eu une troupe d’acteurs italiens, dont elle n’avait pas besoin ; mais je croirais volontiers qu’elle a eu l’intention de mettre en tragi-comédies tout le Nouveau Testament. Seulement elle n’a fait que commencer ; mais, les sujets traités par elle étant l’Adoration des Bergers, celle des Rois, le Massacre des innocents & la Fuite en Égypte, on voit que ses comédies, — ainsi naturellement appelées parce que le dénouement en est heureux, — sont bien les premiers sujets de l’histoire évangélique. Après avoir commencé, elle en est restée là, & il n’est pas probable qu’elle en ait écrit davantage. Toutes quatre ont été imprimées de son vivant, & ce sont aussi les seules qui se retrouvent dans les manuscrits de ses poésies.

II. N’ayant pas à les réimprimer ici, il suffira d’en dire quelques mots. C’est à la première, « la Nativité de Jésus-Christ », que se rapporte le mot de Brantôme sur les pastorales. En effet, la bergerie des pastoureaux & pastourelles en tient forcément une grande part. Malgré leurs noms allégoriques, Sophron, le sage & le savant ; Elpison, celui qui est plein d’espérance ; Nephalle le tempérant, de νήρω ; Philétine, celle qui est