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DU TOME SECOND

est pris de là où je vous dis. Voilà comme ce n’est d’aujourd’huy que les dames aiment les pages, & mesmes quand ils sont maillés comme perdreaux. Quelles humeurs de femmes, qui veulent avoir des amys prou, mais des marys point ! Elles font cela pour l’amour de la liberté, qui est une si douce chose, & leur semble, que quand elles sont hors de la domination de leurs marys, qu’elles sont en paradis ; car elles ont leur doüaire très-beau & le mesnagent ; ont les affaires de la maison en maniement ; elles touchent les deniers ; tout passe par leurs mains ; au lieu qu’elles estoient servantes, elles sont maistresses, font eslection de leurs plaisirs & de ceux qui leur en donnent à leur souhait. » Brantôme, Dames galantes, Discours iv, éd. Lalanne, IX, p. 704-6.

La Fontaine l’a redit deux fois dans le conte de Joconde :

Sans rencontrer personne & sans être entendu
Il monte dans sa chambre & voit près de la Dame
Un lourdaut de valet sur son sein étendu.
Tous deux dormoient. Dans cet abord Joconde
Voulut les envoyer dormir en l’autre monde,
Mais cependant il n’en fit rien,
Et mon avis est qu’il fit bien.

De même plus loin :

Ce bel Adon étoit le Nain du Roi
Et son amante étoit la Reine,

ce qui se trouvait dès 1516 dans l’Arioste ; mais c’est une aventure éternelle & qui n’est pas près de cesser de se reproduire. — M.

Page 133, ligne 5. — « Quand il fut près d’un cabinet d’arbres pliés. » Dans son Dessein du Jardin dėlectable, Palissy, après les quatre cabinets de terre cuite, en met quatre autres aux quatre bouts de la croisée qui traverseront le jardin du milieu & du long. Il les fait avec des ormes & il explique comment il fera de leurs troncs, de leurs branches & de leurs jets, les colonnes, l’architrave, la frise, même les lettres des inscriptions & les sièges pour s’asseoir. « Pour conclusion », ajoute-t-il à la fin de la description du premier cabinet (éd. Cap, p. 69), a sachés que, le cabinet estant ainsi fait, les branches qui croistront au dessus des frontispices & sommité du bâtiment, je les feray coucher l’une sur l’autre d’une telle invention qu’il ne pleuvra aucunement dedans ledit cabinet, non plus que s’il estoit couvert d’ardoise. » Le cabinet d’arbres pliés de notre Nouvelle était fait de la même sorte. — M.

Page 133, ligne 18. — « Madame, prou vous face ». Dans une