De vraye Amour autre Amour réciprocque,
C’est le parfaict de son plus grant desir ;
Mais, si Amour de l’autre Amour se mocque
Pour autre Amour trop moings digne choisir,
C’est un ennuy qui me donne loysir,
Temps ne repoz, pour trouver reconfort ;
Le désespoir est pire que la mort,
Et jallousye est un vray désespoir.
O Foy rompue & trop apparant tort,
Par vous me fault pis que mort recevoir !
Or sus, ma seur, vous pensez donq avoir
Ung plus grand mal, que nommez jallousye ?
Mais ce n’est riens que d’une fantaisie,
Au pris du mal que malgré moy je porte ;
Cent foiz le jour je soubzhaicte estre morte,
Car mon Mary si trèsfort me tourmente,
Et sans raison, qui plus me malcontante ;
Il a grand tort.
Vostre mal n’est qu’au corps.
Il est bien doulx, puis qu’il est par dehors,
Car vous n’avez peine que d’escoutter.
S’il vous failloit dans vostre cueur gouster
L’amer morceau que je mache à toute heure,
Vous diriez bien que, si je plains & pleure,
J’ay bien raison.