Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/46

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il fallait encore trouver de l’argent pour les dispendieux voyages nécessités par l’éloignement de sa fille et par les exigences de François ier, qui fréquemment l’appelait auprès de lui ; il fallait défrayer, payer ces nombreux messagers qui allaient et revenaient sans cesse du Béarn à la cour et au P!essis-lez-Tours ; faire la part des pauvres, celle des couvents, celle des hospices fondés et soutenus par son inépuisable charité. »

Cependant les ressources de Marguerite n’étaient pas en rapport avec les charges qui lui incombaient. Sa maison l’obligeait à de grandes dépenses; comme sœur du roi de France, elle ne pouvait se dispenser d’entretenir un personnel considérable ; comme femme du roi de Navarre, elle n’était pas tenue à moins : sa bienfaisance et le désir de pensionner des gens dignes d’intérêt et dénués de ressources faisait le reste. De là le nombre des dames d’honneur, des aumôniers et des valets de chambre qu’on remarque sur la liste de ses serviteurs, humble nom qui fut la sauvegarde de plus d’un. Marguerite en fut quelquefois réduite à emprunter à ses dames d’honneur. Lorsque François ier fut mort, inquiète et ne sachant si la rente de 25,000 livres que lui faisait le roi lui serait continuée, elle dut s’imposer la plus stricte économie. Presque tout ce qu’elle dépensait profitant aux autres, elle ne put, en cette extrémité, que redoubler de sévérité pour elle-même ; quant aux pauvres, Sainte-Marthe dit qu’ils n’y perdirent rien : Marguerite voulait bien s’infliger des privations, laisser à l’abandon le mobilier de Nérac, bref, rogner sur tout... excepté sur la part des pauvres et des serviteurs envers qui elle se croyait engagée.