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Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/47

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Si personne ne s’est avisé de contester ce grand cœur et ce dévouement infatigable de Marguerite d’Angoulême aux époques les plus critiques de son existence, les mœurs de la femme se sont trouvées en présence des témérités du roman et de l’histoire, ou de la critique paradoxale. Je passe sous silence les pauvretés et les ignorances du roman, qui ont excité la verve caustique de M. Génin. Mais je dois rappeler que M. Génin lui-même, comme MM. Le Roux de Lincy , Haag, de La Ferrière-Percy, que Bayle enfin et tous les contemporains de Marguerite ont rendu justice aux mœurs pures de cette princesse, trop souvent confondue par les romanciers avec la seconde Marguerite, la sœur Margot de Charles IX. M. de La Ferrière-Percy la définit très-bien « une vraie doctrinaire d’amour platonique » ; il lui applique ce qu’elle avait dit elle-même de l’honneur des femmes dans l'Heptaméron : Doulceur, patience et chasteté, et il cite fort à propos ce vers de Marot, un des prétendus amants qu’elle aurait eus, au dire des fantaisistes :

En chasteté elle excède Lucrèce.

Elle ne fut, comme on l’a parfois avancé légèrement, ni la maîtresse du connétable de Bourbon qui brigua en vain l’honneur de l’épouser, ni celle de Marot, qui connaissait bien ce nenny avec un doux sourire où tout va se briser, ni celle de Bonnivet, qu’elle repoussa comme on sait et dont elle raconta depuis la déconvenue sous le couvert d’une nouvelle de l’Heptaméron (la IVo). M. Génin rapporte qu’ayant dépouillé tous les textes, il trouva « que tous les écrivains graves avaient honoré la mé-