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SUPPLÉMENT À LA NOTICE

actions contre les mauvais bruits ? Elles ont peu

de témoins, et cessent avec l’existence de leur auteur ; la calomnie, au contraire, franchit toutes les limites de temps comme de lieu, et tandis

que la durée affaiblit toutes choses, c’est par la durée qu’elle grandit et se fortifie. « des trespassez, je vous prie luy donner ung Pater noster, ung « Ave Maria et ung De profundis, et l’arrousez d’eau béniste. » (Premier Recueil, Notice, p. 74. Marguerite, selon le père Hilarion de Cosie et ceux qui affirment son hérésie secrète, aurait été calviniste, convertie par

Calvin lui-même qu’elle avait reçu à Nérae ; or, elle croyait à la présence réelle : « Şire, nul des nostres n’out esté trouvés sacramentaires. » (Lettres nouvelles.) La dévotion à la Vierge est exprimée et recommandée dans vingt endroits de ses œuvres poétiques, particulièrement dans le Miroir de l’Ame pécheresse, qui servit pourtant de pièce principale pour fonder contre Marguerite l’accusation d’hérésie. Enfin Florimond de Rémond assure tenir de frère Gilles Cailleau, cordelier, qui administra l’extrême onction à la Reine, que dès qu’elle recouvra la parole, « elle protesta que tout ce qu’elle u avoit fait en faveur des novateurs, avoit esté dicté uniquement par

la compassion, et jamais par éloignement pour la religion de a ses pères. »

Voyez Odolant Desnos, Mémoires sur Alençon, t. II, p. 564, remarques de Leclerc sur Bayle. Ces témoignages et bien d’autres du même genre qu’on y pourrait ajouter, n’ont pas empèché un journal de soutenir que Marguerite avait été calviniste, et qu’elle avait persévéré jusqu’à la fin. Il est vrai que c’est un jonrnal calviniste.

et les