Page:Mariéton - Hellas, 1889.djvu/16

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Mais le soleil qui monte et répand sa lumière,
Inonde ces versants, tristes comme un désert,
De la ravine obscure à la griffe de pierre
Qui monstrueusement appréhende la mer.
 
Seul, rêve un îlot morne aux pentes calcinées,
Débris du sol changeant sur le lac éternel,
Rameau du tronc géant qui tient enracinées
Ses arêtes sans fin dans l’onde et dans le ciel.
 
Mais la côte a souri ; les monts de la Chimère
Sortent, bruns et lilas, des flots magiciens,
Et, poudrés d’une neige éclatante et légère,
Vont s’inclinant aux vieux Acrocérauniens.
 
Alors un goëland dans les cordages passe,
Et s’enfuit, et tournoie, et plonge dans la mer…
On voudrait être aimé d’un oiseau de l’espace
Et goûter comme lui la liberté de l’air.
 
Le corbeau qui portait son pain à saint Jérôme,
Dans ce désert, soudain me revient l’esprit.
La légende sévère en a comme un arome ;
Cette douce amitié des oiseaux m’attendrit…