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Page:Mariéton - Hellas, 1889.djvu/31

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Nous parlions de ce maître égoïste et railleur
Qui consuma sa vie à désoler son cœur.
Son cœur ! Il y cherchait vainement et sans trêve,
Le complaisant écho d’un autre cœur, d’un rêve
Qu’il eût, un seul instant, fait naître, et qu’à jamais
Son orgueil eût béni : J’étais aimé, j’aimais !…
C’est alors, pour se fuir, se sauver de soi-même,
Qu’il mit comme un oubli, comme un charme suprême
Dans le plaisir d’errer en pays inconnus.
Tant d’autres malheureux, ensuite, y sont venus
Au tourment de jouir de tout et de son âme,
Et d’écarter son cœur en méprisant la femme !
Tant d’autres après lui, sur les mêmes chemins,
Sondant l’extrémité des vains rêves humains,
N’ont rencontré que deuil et que mélancolie…
Et nous-même, pourquoi cette amère folie
De partir, de quitter le foyer de son cœur,
Avec l’espoir d’atteindre un vaniteux bonheur
Ou son illusion, dans la fuite éternelle !
Car nous, nous pensions bien ne le trouver qu’en elle…
Et ce songe mauvais m’a semblé sans pareil,
Dans ce grand jardin triste, au coucher du soleil.