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Page:Mariéton - Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884.djvu/80

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Joséphin Soulary

Un roman de Balzac en quatorze vers, et merveilleusement ciselé. Voici l’Insatiable :

L’animal merveilleux créé pour le singer
Étant fini, Dieu dit : « Que sa tâche commence !
Raison, reçois en don cette tête qui pense ;
Amour, ce cœur qui sent, tu peux te l’adjuger.

— Oh ! murmure l’Amour, c’est mal me partager ;
Que tirer de ce cœur ? Sa maigre contenance
N’en fera jamais rien qu’un vase d’abstinence !
— Qui sait ? dit la raison ; nous allons les jauger. »
 
Aussitôt fait, la tête en un moment remplie,
De toute part déborde en trop plein de folie ;
Mais l’épreuve du cœur est encore à fournir.

Voilà bien six mille ans, que dans son ouverture,
L’amour engouffre tout sans combler sa mesure.
— On ne saura jamais ce qu’il peut contenir.


Et mon étude est terminée. Peut-être me demandera-t-on quel rang il convient d’assigner à Joséphin Soulary parmi les poètes mo-