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Page:Mariéton - Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884.djvu/99

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Jean Tisseur

même, leur poète à tous est Chénier. Et cela, par un instinct, par un sens de l’antique que la renaissance italienne a apporté à Lyon, en le dénaturant toutefois. La poésie de Jean Tisseur, distincte de ces œuvres et moins égale qu’elles, a l’apparence d’une de ces tapisseries de haute lisse (son nom était prédestiné) dont on admire le travail sans se laisser transporter par l’image.

Il tient en cela de Boileau et aussi par le bon sens suprême de toutes ses productions. Dans le Pèlerinage à Oullins, par exemple, on admire un art poétique n’ayant gardé de la tradition classique que ce qui la fait supérieure à l’absolue émancipation moderne.

Il appartient à cette génération favorisée qui fut pétrie par les demeurants de la vieille école et moulée par les arrivants de la nouvelle. La pensée est aisée, sans hardiesse, sans faiblesse non plus. Quant à la forme, elle s’émancipe aux bons endroits pour s’endiguer ensuite correctement dans ce que nous appel-