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L’ISOTOPIE ET LES ÉLÉMENTS ISOTOPIQUES

observés avec une charge triple ou même quadruple ; l’argon peut avoir jusqu’à 3 e, le krypton jusqu’à 4 ou 5, le mercure jusqu’à 8. Quand un atome apparaît avec des charges multiples, la ligne est d’autant plus faible que la charge est plus forte, de sorte que le nombre d’atomes à charge élevée est relativement petit. Les résultats obtenus avec l’oxygène, l’azote et le carbone prouvent que ces atomes ont au moins quatre électrons superficiels ce qui est en accord avec la conception actuelle de la valence qui en attribue quatre au carbone, cinq à l’azote et six à l’oxygène.

La charge double fréquente sur les atomes, apparaît très rarement sur les molécules de gaz simples ou complexes. Elle semble exister sur les molécules d’azote ou d’oxyde de carbone (valeur de 28 fois plus petite que celle de l’hydrogène).

La planche I représente des paraboles typiques suivant les figures des publications de J. J. Thomson.

21. Emploi de rayons positifs pour l’analyse chimique. Lignes du néon. — J. J. Thomson a fait ressortir l’importance des rayons positifs comme moyen d’analyse chimique et de détermination de poids atomique [57]. Cette nouvelle méthode s’est aussitôt montrée très efficace pour reconnaître les différentes espèces d’atomes et de molécules contenues dans le tube à décharge. La comparaison du rapport fourni par une parabole avec celui de la parabole de l’hydrogène monovalent ou proton, permet de calculer la masse (moléculaire ou atomique) m en assignant à la charge e une valeur acceptable ne0 multiple de la charge élémentaire e0. Ainsi est la donnée expérimentale directe. La quantité de matière exigée est minime, à condition de pouvoir l’utiliser à l’état gazeux. La sensibilité de la méthode n’est pas influencée par le mélange des substances à examiner.

Les photographies mettent en évidence l’extrême variété des particules positives dans le tube à décharge. Sur un cliché on trouve parfois plus de 30 paraboles différentes, dont certaines correspondent à des composés jusque-là non observés. Tels sont les radicaux . J. J. Thomson a aussi reconnu l’existence de molécules diatomiques de mercure et d’hélium.

Les gaz émis par bombardement de corps solides par les rayons cathodiques donnent toujours une ligne qui correspond à la masse atomique 3. L’étude détaillée des conditions de production a fait attribuer cette ligne à une molécule triatomique d’hydrogène à charge simple. Cette combi-