Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
les forçats du mariage

— Tu es bien maussade ce soir, dit-elle tout à coup. J’ai à t’apprendre une nouvelle qui va te rendre le plus heureux des hommes.

Il s’arrêta, et la regarda d’un air interrogateur et sévère.

Elle était pourtant adorablement provocante, enveloppée de son peignoir de soie blanche à nœuds de satin bleu. À demi attaché, ce peignoir découvrait un cou potelé et un coin d’épaule si blanc, si frais ! Ses beaux cheveux déliés, aux boucles rebelles, cachant à demi, d’un côté seulement, l’ovale pur du visage, ne découvraient que le bout d’une oreille rose où scintillait un diamant.

— Eh bien ! reprit-elle, tu ne me demandes pas ce que c’est ?

— Quoi ? fit-il sèchement.

Elle s’avança jusqu’à ses lèvres.

— Attends-toi à une grande, grrrande joie.

Elle approcha sa bouche de l’oreille d’Étienne et lui dit quelques mots à voix basse.

Au lieu de cette joie promise, Étienne éprouva une douleur aiguë, comme si on lui eût plongé dans le cœur un fer rouge.

Il poussa un cri de rage semblable à un rugissement, et se laissa tomber sur le divan,

Juliette restait devant lui stupéfaite.

— Mon Dieu ! qu’as-tu donc ? J’ai cru te faire plaisir. Depuis si longtemps tu le désirais. Étienne, réponds-moi, je t’en conjure.